LAURIS 1967 - 1969


Peu sportif, Louis aimait raconter son seul exploit physique qui était encore en rapport avec la peinture, quand il était un étudiant désargenté !

Pour pouvoir visiter une exposition consacrée à Vincent Van Gogh, il avait fait les nombreux kilomètres de Marseille en Arles avec quelques amis des Beaux Arts, à bicyclette en deux jours !

Par contre, il était un excellent marcheur et il connaissait tous les sentiers des montagnes provençales, plus particulièrement ceux du Lubéron, son lieu de vie.
 

Par sa formation classique, il peignait à ses débuts sur le motif et il transmettait sur la toile ce que son regard percevait de la vision nette et évidente de son environnement.

Cependant, il appréciait de moins en moins l'anecdote et il s'était émancipé vers la hardiesse de superposer différents lieux flashés au cours de ses promenades pour y mêler l'univers de ses rêves.
 

La beauté d'une nature inventive s'englobait dans des modulations subtiles de couleurs lumineuses griffées de lignes végétales. Il recréait un monde irréel devenu fantastique et mystérieux où chacun pouvait y voir ses propres fantasmes.

A cette époque en Provence, il y avait de bonnes galeries qui exposaient de vrais peintres ....
Les amateurs et les collectionneurs suivaient avec passion les expositions et ils achetaient à des prix raisonnables des tableaux pour lesquels ils avaient eu un "coup de coeur" sans se préoccuper, comme actuellement,  à réaliser de futurs juteux placements financiers bien aléatoires d'ailleurs.

"La grande falsification" de l'art contemporain est devenue un "Super Art Market" et déjà, Marcel Duchamp disait "On peut faire avaler n'importe quoi aux gens".

C'est navrant de constater que les Français, en majorité, n'ont aucune connaissance en art plastique. Ils ne peuvent pas discerner les vraies valeurs picturales des fausses.

Louis exposait dans plusieurs galeries à Aix chez Tony Spinazzola, à Marseille chez Merenciano, au Tigre de Papier etc ...
 

Souvent les galeristes étaient des amis ou le devenaient tels qu'en 1968, Alain Le Breton, en 1969, Christian Pinelli et à Salon "Au Grenier d'Abondance" le décorateur Jean Pierre Tonin.

Jean Pierre était aussi un peintre talentueux, diplômé de l'Ecole des Arts Décoratifs de Paris, il notait dans son curriculum-vitae "Etudes avec Pierre Ambrogiani", certainement son "Maître de Coeur" dont il a subi à ses débuts l'influence.
 

Sa peinture avait ensuite évolué vers une modernité incomprise (comme lui d'ailleurs) qui serait maintenant d'actualité, en sorte un précurseur.

Il a exposé à Paris chez Katia Granoff une série de toiles dont la richesse et la densité d'une pate étalée avec force et étincellante de limaille de fer témoignaient de la maîtrise de son art ...

Son oeuvre faite d'inquiétude, de souffrance et de révolte démontrait son  don singulier pour son pouvoir de métamorphose. Elle a été malheureusement interrompue et maintenant oubliée par sa disparition brutale à 50 ans.

Il ne reste plus que le souvenir de cet être si charmant et si généreux dont la réminiscence de son absence chagrinera pour toujours ses amis.
 

En 1967, Louis participe à "La Provence et les Peintres d'aujourd'hui" au Musée Granet à Aix en Provence. Les artistes étaient pour la plupart natifs de la région où ils y avaient pris "leur motif" selon l'expression du grand Maître aixois Cezanne.

Le conservateur de ce musée et le commissaire général de cette exposition était Louis Malbos qui était aussi un ami et un admirateur pour "cette génération sérieuse de jeunes peintres" comme il le disait.

Cette manifestation qui avait duré tout l'été 1967, avait eu beaucoup de succès auprès des amateurs d'art et elle ne pouvait rester sans lendemain.

Ainsi en 1970, de juillet à septembre, Louis Malbos organise une nouvelle rencontre en créant "La première biennale des Peintres de Provence" qu'il avait voulu internationale, au Musée Granet dans le somptueux Palais de Malte.

Ces artistes apportaient sans confrontation avec leur individualité leur vision passionnée de la beauté étrange de ce pays. Ses arbres séculaires aux frondaisons colorées, la diversité de ses paysages aux garrigues odorantes, ses horizons infinis magnifiés par la triomphante clarté de sa lumière, favorisaient une incroyable fascination.