LAURIS 1976 - 1978
Les vernissages se terminaient le soir au restaurant par des repas festifs procurant aux artistes un apaisement après leurs longues journées solitaires de la créativité. Louis aimait beaucoup ces retrouvailles entre confrères et le petit cercle de collectionneurs devenus des amis car, en dehors des affres de son atelier, il se révélait être tout à fait charmant, bon vivant, excellent gastronome au solide appétit !!.
Nous avions "table ouverte".
Ces contacts renouvelaient leurs liens d'amitié et donnaient lieu à des rencontres chez les uns et les autres.
Louis aimait particulièrement visiter nos si sincères et chaleureux amis, Denise Bourdouxhe et Pierre Daboval, artistes talentueux installés au "Thor Blanc" à Saint Rémy de Provence (devenu depuis le très snob Saint Rem").
Ils avaient construit un petit mas dans une ancienne carrière proche du site antique de "Glanum" et de l'Hôpital psychiatrique de Saint Pol de Maulose où Vincent Van Gogh s'était fait interner au printemps 1889 (le gardien chef se prénommait "Trabuc" sans homonymie).
Ce génie venu du Nord, devenu encore plus fou en découvrant la beauté de la Provence et son soleil éclatant avait laissé une empreinte si violente qu'elle était encore perceptible.
Se promener dans un tel lieu, sublimé et pérennisé par un des plus considérables peintres du XX ème siècle était un enchantement.
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"LA NUIT ETOILEE" Vincent Van Gogh Juin 1889 - Saint Pol - Saint Remy de Provence Museum of Modern Art MOMA New York | | "AUTO-PORTRAIT" Vincent Van Gogh - Septembre 1889 - Saint Pol - Saint Rémy de Provence - Collection Docteur Gachet | |
Louis trouvait les Alpilles très picturales et japonisantes avec ses cascades de pinèdes, dégringolant vers les vallons entre les roches blanches structurées et façonnées par le vent souverain du Midi "le mistral".
Entre le Lubéron et les Alpilles, il avait peint une série de tableaux très raffinés, d'une extrême sensibilité dans une harmonie subtile de couleurs diversifiées par les saisons.
Une synthèse de ces montagnes provençales si proches mais qui étaient si divergentes par leur constitution et leur luminosité. Ses paysages apparaissent derrière un enchevêtrement de superpositions linéaires et de lignes verticales en transparence s'enroulant autour de son écriture "d'imagier".
Cherchant toujours à pousser plus loin les limites de son art, il avait réussi dans cette série sur une surface plane à recréer les mouvements des éléments de la nature au gré de la lumière toujours si présente dans le Sud.
Dans ses périodes fastes, il travaillait avec acharnement et se levait aussi en pleine nuit pour rejoindre son atelier.
Malheureusement, périodiquement, il ressentait tellement de doutes sur ses tableaux qu'il n'hésitait pas à en détruire dans une rage et une violence extrême, bien souvent incompréhensible pour son entourage.
Avec ses instants de force et ses moments de faiblesse, Louis passait de l'euphorie à la prostration où son hypocondrie dominait et le terrifiait par la perspective de sa mort en des rêves cauchemardesques.