Puis, nous passons quelques semaines en Camargue, où Louis aimait oeuvrer sur nature pour bien saisir ces vastes étendues marécageuses pointillées de roseaux blonds où l'eau est sans cesse présente.
Souvent ses toiles ont très peu de ciel, mais une grande partie de terre entrecoupée de marais dont il peignait les multiples matériels entremêlés et transportés par le Rhône vers ce lieu vivant en harmonie avec une nature équilibrée, berceau d'une faune abondante.
Un monde minéral qui semblait se mouvoir et attirait le regard de l'amateur qui pouvait s'y promener en rêvant. Il lui procurait alors une émotion inscrite à jamais dans sa mémoire.
Nous faisons aussi des séjours à Marseille où il pouvait retrouver son inspiration initiale de la mer avec de nombreuses marines et des natures mortes.
Il aimait aussi sculpter des mascarons en pierre pour orner les bassins.
Enfin, nous nous installons à Lauris dans notre maison de la Bourgade dominant la Durance - "la vallée heureuse" - comme disait Albert Camus.
Ce merveilleux fleuve qui n'avait pas encore été saccagé et où il était agréable de s'y baigner autour de ses ilôts arborés qui étaient le refuge naturel des oiseaux et d'animaux divers.
Le peintre Paul Guigou, vauclusien, venait y poser son chevalet.
Lauris peint par un des quatres gendarmes résistants |
De la fenêtre de son atelier il apercevait un des plus beaux campaniles de Provence et la vaste plaine qui s'étendait majestueusement avec, tout au loin, les Alpilles bleutées.
Formant un éperon à ce niveau, le Lubéron protégeait du mistral le village qui possédait un lieu magique de petits jardins sourcés, clos de murs moyenâgeux, à la végétation luxuriante et ensoleillée.
"Les grilles" - qui étaient pour la plupart le prolongement des demeures bourgeoises.
En 1967, par un hasard opportun, nous acquérons un de ces jardins pour que notre séculaire et vénérable maison retrouve entièrement son identité.
Le Lubéron, cette montagne impressionnante qui ressemble à un énorme animal couché, apportait un contraste étonnant avec la Haute Provence sobre et méconnue malgré sa proximité.
Ses couleurs pimpantes, la richesse de ses grands champs fertiles et ses paysages somptueux changeant à chaque saison de couleur et toujours englobés par une lumière dorée, la beauté d'une nature spontanée et un art de vivre mythique, attirent depuis de longues années les plus grands de la peinture, de la poésie, de la littérature, de la musique, du théâtre "des artistes en tout genre" mais aussi des personnalités politiques.
Ses superbes villages de pierres taillées, perchés et fortifiés pour faire face aux terribles guerres de religion qui se sont déchainées au cours de siècles où les massacres étaient tellement abominables qu'ils sont encore présents dans les mémoires.
Par exemple, le terrible catholique Maynier d'Oppede qui avait simplement traversé la montagne pour venir massacrer les habitants protestants de Merindol.
La population marquée par la mort qui pouvait être si subite vivait pour l'oublier le jour mais encore plus la nuit dans une ambiance festive avec des idées d'indépendance et de liberté.
Peut être, elle subissait aussi l'influence des fantasmes démoniaques et sulfureux des fêtes érotiques de Donatien Elzear "Le marquis de Sade" résidant au coeur du Lubéron en son château de Lacoste. Lui aussi a lutté pour sa liberté d'expression et sa liberté tout court car il a passé la moitié de sa vie en prison ou en hôpital psychiatrique.
"... Il résulta de ces bacchanales nocturnes ..." |
Louis a peint ces années là, ses plus beaux paysages où le végétal inextricable et les arbres majestueux s'entremêlent dans une harmonie absolument parfaite avec une perspective toujours présente et l'apport de la lumière éclairant les moindres détails, un univers pictural à la mesure de son imaginaire. Il avait trouvé ce qu'il aimait le plus, les horizons et les collines nimbées de bleu ....
En 1964, il gagne le premier prix de la "Chorégie de la Ville d'Orange" et expose à la Galerie "Art Présent" d'Orange en Vaucluse.
La même année, il participe, pendant l'été à Cadenet en Vaucluse, au "7 ème salon de Peinture et d'Arts Décoratifs" où il retrouve quelques uns de ses confrères marseillais.
Village de Cadenet |
En lisant la liste des participants à cette exposition, il est surprenant d'en constater la richesse pour un petit village qui était à cette époque rural !!